Si vous avez quelques secondes devant vous, prêtez-vous au jeu de rechercher les termes « Portage salarial » sur Google…

Vous constaterez qu’environ la moitié des résultats sont des liens sponsorisés, une proportion significative d’entre eux mettant en avant des propositions du type : « Frais de gestion à 3% » ou « Dès 2% de frais de gestion ».

Alors, quel crédit accorder à de telles propositions ?

Et bien si cette fois vous avez quelques minutes devant vous, voici quelques éléments de réponse qui pourraient bien vous intéresser !

Quid des liens sponsorisés ?

Un point tout d’abord sur le fait de sponsoriser des liens sur Google. Cela n’a rien de critiquable. C’est même indispensable pour les petits acteurs.

En effet, leurs sites sont bien moins référencés par Google que ceux des acteurs historiques. La seule solution pour être visible, et l’être rapidement, c’est de sponsoriser les liens vers leur site.

Que penser maintenant des liens sponsorisés promettant 2 ou 3% de frais de gestion ? Là c’est autre chose. Et pour se forger une opinion, il est important de comprendre la structure de coût des sociétés de portage salarial…

Des coûts incompressibles

Toute société de portage salarial supporte des coûts incompressibles liés son chiffre d’affaires : coûts d’assurance en responsabilité civile professionnelle, CVAE (la fameuse Contribution sur la Valeur Ajoutée des Entreprises) ou encore coûts de garantie financière.

Ces coûts, pour un acteur ayant un chiffre d’affaires annuel de l’ordre d’1 million d’euros, approchent 0,5% du chiffre d’affaires. On comptera 0,7% pour un chiffre d’affaires annuel de 5 millions d’euros et plus de 1% pour 10 millions d’euros et au-delà.

Ainsi un acteur approchant 10 millions d’euros de CAHT et proposant des frais de gestion de l’ordre de 2%, serait à peine rentable avant d’avoir commencé à payer son personnel permanent, ses bureaux, son système d’information et ses fournisseurs de service divers et variés… et ses coûts de marketing, dont Google et ses liens sponsorisés.

Bon, admettons… Admettons alors que les frais de gestion annoncés ne soient pas de 2% mais de 3%.

Admettons encore que la société de notre exemple, ait deux employés, il faut bien des back-up… Deux employés pour gérer les relations avec les portés, l’avant-vente, l’administration des ventes, la facturation, la paie, la tenue des comptes d’activité et la comptabilité de la société…

Et, admettons que ces deux employés soient rémunérés entre 25 et 30 000€ brut par an. Leur masse salariale représentera environ 0,75% du chiffre d’affaires. Ajoutez cela aux 1% de coûts précédemment estimés, on avoisine les 2% de coût, à rapprocher donc de 3% de frais de gestion.

Bon admettons… Une fois encore, on a pas encore commencé à payer le système d’information, bureaux, coûts marketing et commerciaux…

La logique derrière tout ça

Je vous laisse donc réfléchir à la viabilité, la pertinence économique, voire même à la sincérité d’offres de portage salarial à 2 ou 3% de frais de gestion. Alors, quelles logiques économiques peuvent donc être à l’œuvre derrière de telles offres ? En fait il y a quatre options : •Soit ces propositions relèvent d’une guerre des prix •Soit vous avez affaire à des offres promotionnelles •Soit vous payez pour ce que vous avez •Soit vous ne payez pas ce que vous croyez payer. Et le démontrer est assez simple.

Vous assistez à une guerre des prix

En situation de guerre des prix, les politiques tarifaires se font au mieux au détriment des marges et souvent au prix de marges négatives. Le marché ne peut se le permettre de façon permanente. A la fin on compte ceux qui restent debout et ceux qui restent sur le carreau. C’est le prix de la guerre. Des offres tarifaires très attractives de 2 ou 3% de frais de gestion sont-elles le marqueur d’une guerre des prix ? A ce jour, le marché reste sain et en croissance et bien que très concurrentiel vous n’assistez pas à une guerre des prix, tout au plus de temps en temps à des escarmouches. Ce qui nous mène à l’option 2.

Vous avez affaire à des offres promotionnelles

En portage salarial, le recours à des offres promotionnelles fait aussi partie des pratiques, et ça n’a rien critiquable. A condition toutefois qu’il apparaisse clairement quelle est la durée de ces offres et quels seront les tarifs pratiqués à l’issue de la période de promotion. Il est en général assez aisé de déceler de telles offres. A chacun d’en vérifier les conditions et l’intérêt d’y souscrire en connaissant les conditions applicables ensuite.

Vous payez pour ce que vous avez

Si vous payez peu, cela doit normalement signifier que vous avez peu de services. Et par services, on entend tout un tas de choses : la proximité, des interlocuteurs dédiés, accessibles… pourquoi pas des facilités de paiement ou encore d’autres solutions de flexibilité ou d’optimisation : services de leasing de véhicules, dispositifs d’épargne retraite, chèques déjeuner… La palette est très large. En portage salarial, tout comme dans l’hôtellerie, le service du Hilton ne se paye pas au prix du Formule 1. Pour le prix et le niveau de service d’un Formule 1, il faut aller chez Formule 1 ou un équivalent. Et pour le service du Hilton, il faut aller au Hilton. Mais ce n’est pas le même prix. En résumé, il est tout à fait normal que les sociétés de portage salarial n’offrent pas toutes le même niveau de service et donc le même niveau de tarif. Il est aussi naturel que certaines d’entre elles puissent proposer différentes offres de service et différents niveaux de tarification. Il revient aux salariés portés de bien savoir ce qu’ils veulent acheter et à quel prix. Et de vérifier si des frais de gestion bas correspondent effectivement, comme il se doit, à un niveau de services en rapport. Ce qui nous mène à la dernière option.

Vous ne payez pas ce que vous croyez payer

En deux mots, vous optez pour une société de portage salarial avec une offre de frais de gestion attractive, un niveau de service intéressant. Vous avez flairé la bonne affaire. Sauf… si vous ne payez pas ce que vous croyez payer. Et dans ce cas, c’est que vous êtes victime d’une pratique décriée depuis quelques années, la pratique des frais cachés. De quoi s’agit-il ? En résumé, il s’agit soit de refacturation à votre insu de certaines charges, comme la CVAE, qui peut être refacturée aux salariés à condition que ce soit en toute transparence et selon un juste mécanisme de répartition. Il peut encore s’agir de refacturation de charges n’ayant pas lieu de l’être. En somme des frais de fonctionnement interne à la société de portage. Pour une information documentée sur le sujet, je renvoie vers le site de la Fedep’s. Pour faire simple, dans le premier cas on vous ment, alors que dans le second, on vous trompe. Les deux alternatives n’étant pas exclusives l’une de l’autre… Comment alors s’assurer qu’aucune charge indue ne soit prélevée sur le fruit de votre activité ? Comment s’assurer que les charges prélevées le soient en toute transparence ? C’est ce à quoi s’est attelée la Fedep’s, en créant le label Zéro Frais Cachés.

Le Label Zéro frais cachés

La Fedep’s, ce n’est pas une organisation représentant les professionnels de la profession ! La Fedep’s, c’est une organisation défendant les intérêts des salariés portés. Et le label Zéro Frais Cachés garantit que si on vous dit, nos frais de gestion pour tel niveau de service, c’est X, cela signifie que tout ce qui reste après prélèvement de X, est affecté à vos défraiements, à vos cotisations sociales, à votre rémunération nette et à la mise en réserve financière conventionnelle sur votre compte d’activité. La Fedep’s décerne le label Zéro Frais Cachés à l’issue d’un audit indépendant demandé par la société de portage salarial. Il répond donc à une forme d’engagement pour un portage salarial éthique, à une volonté délibérée de marquer ses distances par rapport à des pratiques nuisant à la saine concurrence. Des pratiques nuisant à l’image de toute une profession, nuisant à la confiance entre sociétés et salariés en portage. La clé de voute du label, c’est la transparence. Et la transparence, c’est la base du respect dû aux salariés portés.

Noyer le poisson

On a observé récemment certaines initiatives d’acteurs historiques du marché visant à remplacer la notion de frais de gestion par celle de taux de restitution. L’idée étant de donner un indicateur sur le pourcentage de salaire brut sur le chiffre d’affaires. Bel effort d’imagination pour noyer tant et plus le poisson et qui ne garantit en rien que seules les charges légales sont effectivement prélevées. Si l’on veut faire des comparaisons c’est sur le salaire net et non le salaire brut. Dans la même veine, d’autres initiatives récentes, émanant également d’organisations professionnelles visent par la mise en œuvre de normes de qualité plus ou moins abouties à justifier les pratiques critiquables du passé pour mieux les rendre acceptables aujourd’hui.

Au bout du compte…

Alors face aux propositions de service de portage salarial à 2 ou 3% de frais de gestion, on dit quoi ? Et bien, si ce n’est pas des offres promotionnelles, si ce n’est pas en période de choc économique majeur, si ce n’est pas pour des niveaux de service très restreints, et encore… en dessous de 4,6 – 4,8%, on voit mal le cas de manière pérenne, et si en plus ce n’est pas avec un label Zéro Frais Cachés… Vous savez quoi, je serais vous, je passerais mon chemin.